Découvrez une archéologie du vivant et de la vie artificielle au sein d’une exposition qui présente de manière prospective les œuvres récentes d’une cinquantaine de créateurs ainsi que des recherches issues de laboratoires scientifiques. Son matériau même est évolutif, certaines œuvres étant impliquées dans un processus de croissance ou de dégénérescence. Une centaine de projets sont exposés, dont plusieurs conçus pour l’occasion.
Laboratoire annuel de la création et de l’innovation au Centre Pompidou, « Mutations/Créations » interroge les liens entre arts, science, ingénierie et innovation. Le cycle réunit des artistes, ingénieurs, scientifiques et entrepreneurs, tous les protagonistes du sensible et de l’intelligible, qui infléchissent et transgressent notre présent. Pour sa troisième édition, la manifestation convoque les arts visuels et numériques, le design et la parole, à travers une exposition collective « La Fabrique du vivant », la première exposition personnelle et monographique en Europe de l’artiste brésilienne Erika Verzutti, ainsi que la troisième édition du forum Vertigo, mené par l’Ircam.
PRÉSENTATION PAR LES COMMISSAIRES DE L’EXPOSITION
« Mutations / Créations 3 » convoque le design, les arts visuels et numériques à travers une exposition collective, au croisement des disciplines, « La Fabrique du vivant », la première exposition personnelle et monographique en Europe de l’artiste brésilienne Erika Verzutti, ainsi que la troisième édition du forum Vertigo, mené par l’Ircam.
À l’ère numérique s’opère une nouvelle interaction entre création et sciences du vivant. La notion de « vivant » se présente aujourd’hui sous une forme d’artificialité où la matière même est explorée. Les biotechnologies sont désormais utilisées comme médium par les artistes, les designers et les architectes. Si les outils numériques de simulation autorisent la recréation du vivant, la question qui se pose aujourd’hui est : comment programmer le vivant ?
« La Fabrique du vivant », en partenariat avec l’Ircam, interroge les mutations du concept de nature, indissociable de la production technologique. L’exposition retrace une archéologie du vivant et de la vie artificielle. Résolument prospective, elle présente les créations et innovations les plus significatives dans le champ de l’art, du design et de l’architecture à travers les œuvres d’une cinquantaine de créateurs. Son matériau est évolutif ; certaines œuvres subissent un processus de croissance ou de dégénérescence. Parmi la centaine de projets exposés, certains ont été spécialement conçus à cette occasion. L’Ircam présente Biotope, une installation du compositeur Jean-Luc Hervé, interagissant dans le parcours du visiteur, tel un organisme vivant.
Entre biologie et génétique, le design propose une approche interdisciplinaire, comme un artefact biotechnologique où la matière vivante a informé la forme. Le design recourt désormais à la « biofabrication », à de nouvelles « technologies disruptives » du vivant. Les bio-matériaux, fabriqués à partir d’organismes biologiques (mycélium de champignon, bactéries, etc.), ont engendré des objets innovants, tels la Half Life Lamp (2010), lampe bioluminescente à partir de matériel génétiquement modifié du designer néerlandais Joris Laarman. Les objets durables des designers Jonas Edvard et Maurizio Montalti (Officina Corpuscoli) explorent les potentialités du mycélium de champignon ou encore les objets biodégradables d’Eric Klarenbeek élaborés à partir de microalgues, pour ne citer qu’eux. Pour réaliser une structure architecturale in situ spécialement conçue pour l’exposition, l’architecte américain David Benjamin (The Living) utilise un principe constructif nouveau dont les briques croissent et s’assemblent par bio-soudage.
Les micro-organismes deviennent ainsi médium architectural et matériau de construction. Les architectes mettent en œuvre des modèles reposant sur des processus d’autogénération de la matière, simulant les systèmes évolutifs de croissance du vivant. Ils élaborent de nouveaux composites, faits de matériaux à la fois vivants et synthétiques (projet Aguahoja de Neri Oxman avec son laboratoire au MIT Media Lab) pour développer des projets écologiques (efficacité énergétique, matériaux dépolluants, biophotovoltaïques, etc.). Le devenir de l’architecture s’inscrit entre ingénierie génétique et biologie synthétique afin de produire de nouvelles formes de nature entre « l’écosystème numérique » et les systèmes vivants. Les installations à échelle architecturale présentées ici sont de véritables écosystèmes biotechnologiques. Les architectes londoniens d’EcologicStudio ont construit une structure imprimée en 3D tel un « cyber-jardin » intégrant des micro-algues photosynthétiques. Le BiotA Lab de Marcos Cruz à l’University College de Londres présente des panneaux en béton bio-réceptifs conçus pour favoriser la croissance de micro-organismes, de mousses et de lichens en milieu urbain. L’agence française X-TU mène des recherches autour d’une architecture bio-inspirée, convaincue que les organismes vivants sont la révolution biotechnologique de demain.
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